Edited by Richard Trachsler and Baudouin Van den Abeele
[Reinardus 27] 2015
► pp. 112–129
Le sens du mot “éléphant” ne semble, a priori, guère problématique pour les clercs médiévaux. Pourtant, jusqu’au début du XIIIème siècle, la réalité qu’il recouvre n’est connue que par des héritages antiques et le passage d’un unique éléphant dans la ménagerie de Charlemagne. La paix mongole et l’ouverture de la route de l’Inde permettent l’essor d’une littérature qui lui laisse une part majeure: la littérature de voyage. L’éléphant est d’une certaine manière une incarnation animalière de la démesure orientale, comme le sous-entend le vocabulaire emphatique qui lui est associé; certains auteurs se montrent ainsi particulièrement admiratifs de cet animal, qualifié de “mirabile” par Jordan Catala de Séverac, qui sert à la fois d’instrument militaire et de force de travail. Mais l’animal, si singulier, est difficile à décrire, surtout à un public qui n’en a vraisemblablement jamais vu. Il convient de relever, également, l’importance que revêt la couleur de l’animal et surtout le fait qu’il est décrit à la fois comme un animal domestique et sauvage. Ces écrits, de fait, précisent les connaissances scientifiques rapportées depuis l’Antiquité, et même les infirment: l’éléphant cesse d’être considéré comme exclusivement asiatique (ce qui était le cas depuis Isidore de Séville), on rapporte que ses pattes sont bel et bien flexibles (alors que le Physiologus affirmait le contraire), et, enfin, la chasteté exemplaire qui lui était prêté dans les écrits paléochrétiens est mise à mal par les récits de capture de l’animal.
Article language: French
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